Simuler n’est pas la réalité !
Bienvenue à bord du Hors Série 24…
Le simmer est-il une espèce en voie d’apparition ? Une bête curieuse qui s’enferme face à son écran alors que le soleil brille au dehors ? Ou tout simplement un doux rêveur qui profite de cette formidable chance pour s’évader de manière intelligente ?
Par Emmanuel Blanchard
Nous voici déjà en mars 2008, presque un an et demi après la sortie de FS X, quatre mois après celle de sa première extension officielle (Acceleration Expansion Pack, qui n’avait d’accélération que le nom !). Le moins que l’on puisse dire est que la nouvelle mouture de Flight Simulator peine à convaincre les inconditionnels des versions précédentes ! Pourtant, la sortie de cette dixième déclinaison du produit phare de la simulation sur ordinateur semble avoir provoqué de nombreuses vocations – et nous ne pouvons que féliciter les nouveaux arrivants d’avoir franchi le pas.
C’est donc pour eux que nous avons conçu ce hors série. Son objectif : vous aider à mieux profiter de Flight Simulator, et pas seulement de FS X. Car le débutant ou le pilote occasionnel, après quelques circuits de piste virtuels, peut se sentir bloqué, n’osant pas aller plus loin, ou ne pouvant tirer parti de FS à cause des limites de ses connaissances ou de celles, plus techniques, de sa machine. Voilà pourquoi nous passons en revue plusieurs sujets qui devraient rassurer les pilotes timides, voire exciter leur curiosité pour les aider à progresser dans ce loisir. Configuration idéale d’un PC, glossaire des termes barbares à connaître, cours de navigation, visite d’un cockpit virtuel, et enfin présentation des compagnies virtuelles pour expérimenter la joie de voler à plusieurs : si après ça vous n’appréciez pas plus Flight Simulator, alors nous ne pourrons plus grand-chose ! Reste qu’il faut comprendre pourquoi on aime à ce point cette activité de simulation.
Jeu pour adulte ?
« Encore en train de jouer avec tes avions ? »… Qui n’a pas entendu cette phrase prononcée par un ami, une compagne, des proches, voire des collègues peu compréhensifs (ne riez pas, ça nous arrive tout le temps à la rédaction de Micro Sim) ? En train de jouer, le mot est lâché, et il peut légitimement énerver le pilote virtuel qui vient de passer une heure à démarrer son Airbus et à programmer méticuleusement son Paris-San Francisco dans un FMS récalcitrant. Mais il faut s’y faire : pour beaucoup de monde, la simulation n’est qu’un jeu, au même titre que ceux que l’on trouve sur les consoles de salon ou sur les bornes d’arcades. Même les professionnels s’y mettent : demandez à un vrai pilote de ligne ce qu’il pense de Flight Simulator (à condition évidemment qu’il n’y ait jamais touché), la réponse sera sûrement « bof, ce n’est qu’un jeu ! ». Peut-être, mais quel jeu !
Retournez l’argument en faisant une démonstration auprès de ces néophytes : vous les verrez étonnés par la qualité des graphismes (forcément, c’est ce qu’on voit en premier), par la précision de certaines reproductions d’instruments, par la rigueur des comportements à adopter. La plupart de vos spectateurs sera aisément conquise en quelques minutes !
Virtuel vs. Réel
Attention, il ne faudrait pas commettre l’erreur inverse ! Beaucoup de simmers (pas seulement en aviation, mais en course, en naval…) sont convaincus d’être des pilotes émérites capables de relever tous les défis car « ils l’ont fait dans Flight Sim », « j’ai tant d’heures de vol », ‘je connais bien le 747, j’ai volé dans celui de PMDG »… Le risque de confondre virtualité et réalité est toujours présent. En découlerait une bulle virtuelle, dans laquelle s’isolerait le simmer imprudent, incapable de faire la part des choses entre un loisir – si réaliste soit-il – et une activité professionnelle à risque (ou du moins avec des implications qui dépassent largement celles auxquelles on peut être confronté dans FS).
Un des collaborateurs réguliers de Micro Simulateur, pilote d’hélicoptère breveté, m’avouait récemment qu’il se sentait très mal aux commandes des voilures tournantes de FS. « Un hélico ça se pilote aux fesses, au feeling ! » me répétait-il, regrettant de ne pas pouvoir retrouver ces sensations devant son écran. C’est évidemment une des limites de la simulation, l’adrénaline n’est pas forcément au rendez-vous. Même avec le matériel le plus perfectionné, même à l’aide du simulateur le plus perfectionné, même en se construisant une plateforme sur vérins hydrauliques, on ne ressentira pas la frayeur du pilote piégé dans un cyclone, ni l’appréhension d’un commandant de bord pensant aux 300 vies dont il a la responsabilité alors qu’un de ses moteurs vient de lâcher en approche finale. L’aviation n’est pas la seule à être concernée : quel autre risque dans GTR2 que de devoir rebooter son ordinateur, alors qu’un vrai pilote peut très bien finir dans un fauteuil roulant après une sortie de piste ? Quelle angoisse comparer entre celle d’un adepte de Dangerous Waters et celle d’un vrai commandant de sous-marin alors que le Bip d’une torpille verrouillé retentit ? Dans tous ces cas, la simulation reste un jeu. On ne ressentira jamais devant un écran les vraies angoisses (ou la vraie excitation, ce qui va souvent de pair !) rencontrées dans des situations réelles.
Objectif évasion
Pourtant, objectera-t-on, certains professionnels utilisent aussi des simulateurs. Ainsi les pilotes de ligne voient-ils les heures de vol passées dans ces cabines mobiles validées au même titre que celles passées à 35 000 pieds. Mais il s’agit là de parcours professionnels, où les pilotes jouent leurs carrières et sont notés par leurs pairs. Dans ces conditions, pas question de mettre l’appareil en pause pour aller se servir un café ou répondre au téléphone !
Le vrai plaisir de la simulation se situe dans ce juste milieu entre jeu et activité professionnelle. Il demande de la rigueur et de la discipline, mais limite fortement les risques. Il permet aussi de visiter des sites paradisiaques ou de prendre les commandes d’appareils inaccessibles au commun des mortels. C’est sans doute là que réside son intérêt pour les nombreux adeptes qui rejoignent notre petit clan. Et surtout notre loisir possède un énorme avantage sur beaucoup d’autres activités : il permet de rêver. Alors… rêvons ensemble !